Sollicitations extérieures comme déclencheurs de la spondylarthrite ankylosante

Cela fait longtemps que des facteurs biomécaniques ou les blessures ont été mis en relation avec la spondylarthrite ankylosante. Des chercheurs britanniques ont demandé à des personnes concernées dans quelle mesure elles mettent de telles sollicitations en relation avec l’apparition de la maladie.

1 mai 2019
Sollicitations extérieures comme déclencheurs de la spondylarthrite ankylosante

R. C. ANSELL, T. SHUTO, N. BUSQUETS-PEREZ, E.M.A. HENSOR, H. MARZO-ORTEGA, D. McGONAGLE

Même si la spondylarthrite ankylosante fait partie du groupe des maladies auto-immunes, qui sont influencées et déclenchées par des facteurs génétiques, des facteurs extérieurs semblent également jouer un rôle dans le déclenchement de la spondylarthrite ankylosante. Il existait ainsi déjà dans les années 1950 une théorie sur les influences biomécaniques sur le développement d’une enthésite (tendon enflammé au niveau de l’os). L’enthésite joue aussi un rôle important dans le cas de la spondylarthrite ankylosante et apparaît souvent au stade le plus précoce de la maladie, avant même que les profonds maux de dos inflammatoires commencent. Des chercheurs britanniques ont maintenant étudié la question de savoir dans quelle mesure une telle enthésite et par conséquent aussi le stade précoce de la maladie de la spondylarthrite ankylosante pouvaient être déclenchés par des facteurs externes comme les sursollicitations.

Les chercheurs ont utilisé pour cela avant tout la perception subjective des patients. Pour l’étude, ils ont interrogé environ 3’000 membres de la Société britannique de la spondylarthrite «National Ankylosing Spondylitis Society» (NASS). 1’026 membres d’entre eux ont répondu au questionnaire anonyme en ligne. Un peu plus de 63 % des participants à l’étude étaient masculins et presque 60 % HLA-B27 positifs, tandis qu’environ 9 % étaient négatifs. L’âge lors du diagnostic variait entre 26 et 30 ans.

Thèse partiellement confirmée

La thèse selon laquelle il existe une relation entre les facteurs extérieurs et les premiers signes de la spondylarthrite ankylosante a été  partiellement confirmée par l’enquête. 44 % des personnes interrogées ont indiqué se souvenir d’une blessure ou d’un traumatisme physique comme déclencheur possible de leur maladie. Plus de 50 % de ces personnes ont indiqué par ailleurs que ce traumatisme était survenu peu de jours, semaines ou mois avant le diagnostic de la spondylarthrite ankylosante.

Dans cette étude, les questions s’inquiétaient par ailleurs des conséquences sur l’activité de la maladie lors de sollicitations extérieures dans un stade ultérieur de la maladie. Parmi les sollicitations, les auteurs comptent les sollicitations des articulations par l’activité professionnelle, les exercices de gymnastique indépendants ou dirigés ou la physiothérapie. Les auteurs voulaient savoir si le mouvement ou la physiothérapie peuvent aussi entraîner une détérioration paradoxale de la maladie, bien que ceux-ci aient en général des effets positifs sur la spondylarthrite ankylosante et soient considérés comme pilier central de la thérapie. Souvent, les personnes concernées savent elles-mêmes assez bien ce qui renforce plutôt les symptômes dans l’évolution de la maladie.

Adaptations nécessaires

Plus de 61 % des personnes interrogées ont indiqué avoir un niveau élevé voire très élevé d’activités sportives. Néanmoins, une majorité d’entre eux a dû fortement adapter ses activités sportives en raison du diagnostic. Un peu plus d’un quart a dit que les exercices conseillés pour la spondylarthrite ankylosante avaient entraîné une accentuation des symptômes. 32 % ont dû adapter les exercices et 58 % ont pu continuer les exercices de manière inchangée.

L’étude montre clairement que les symptômes compatibles avec une enthésite ne sont pas inhabituels chez les patients qui développent par la suite une spondylarthrite ankylosante, et ces symptômes peuvent précéder de plusieurs années l’apparition des maux de dos chroniques. Il est avéré que les blessures aux articulations, les activités sportives et/ou la physiothérapie étaient chez une partie substantielle des personnes interrogées en relation avec l’apparition ou l’aggravation des symptômes de la maladie.

L’exercice physique restant un élément central dans la gestion de la spondylarthrite ankylosante, les auteurs concluent au vu des résultats à l’importance d’un entraînement adapté dans le bon environnement. De leur point de vue, il serait par ailleurs judicieux d’étudier le rôle de l’enthésite dans un stade précoce de la spondylarthrite ankylosante dans une étude à long terme.