L’objectif de l’étude était d’examiner la durée de la réponse immunitaire après deux doses de vaccins à ARNm contre le SARS-CoV-2 chez des patients souffrant de maladies inflammatoires des articulations et de l’intestin. L’étude a porté sur 35 patients atteints de spondyloarthrite séronégative (SpA), 41 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) et 41 patients atteints d’une maladie inflammatoire de l’intestin. L’étude a examiné l’évolution des anticorps six mois après les deux premières doses de vaccin et après celle de la troisième vaccination. Tous les patients ont été vaccinés deux fois avec un vaccin à ARNm et les prises de sang ont eu lieu huit semaines et cinq à six mois après la première vaccination. Les patients qui avaient déjà été infectés par le SARS-CoV-2 ont été exclus. Les patients recevant des antirhumatismaux modificateurs de la maladie de synthèse conventionnels (csDMARDs) ont été comparés à ceux recevant des antirhumatismaux modificateurs de la maladie biologiques ou de synthèse ciblés (b/tsDMARDs) ou une combinaison de csDMARDs et de b/tsDMARDs. Des sujets en bonne santé ont servi de groupe de contrôle.
Quelle thérapie a quelle influence?
L’étude a examiné les anticorps Spike anti-SARS-CoV-2 et les anticorps neutralisants six mois après deux puis trois doses de vaccin ARNm, en comparaison avec les sujets en bonne santé. Par la suite, l’influence des thérapies sur la réponse immunitaire a été analysée et il a été constaté que les patients recevant certaines thérapies immunomodulatrices présentaient un déclin nettement accéléré de l’immunité. Cette durée raccourcie de la réponse vaccinale était indépendante de la maladie, mais clairement liée au type d’immunomodulation. Les résultats ont montré que les patients recevant des b/tsDMARDs avaient moins d’anticorps que les sujets sains ou les patients recevant des antirhumatismaux modificateurs de la maladie de synthèse conventionnels (csDMARDs). Cette réponse immunitaire plus faible a également été caractérisée par une chute plus rapide des taux d’anticorps, ce qui a entraîné une durée d’immunité plus courte. Par ailleurs, il a été démontré que la réponse à une vaccination de rappel était réduite chez les patients recevant des b/tsDMARDs, qu’ils soient utilisés seuls ou en combinaison avec des csDMARDs.
Mesurer les anticorps
Ces données montrent que les patients présentant des taux d’anticorps plus faibles en raison de b/tsDMARDs ou d’une thérapie combinée bénéficient d’une vaccination de rappel plus précoce. C’est d’ailleurs ce que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande à nouveau actuellement (voir encadré). De plus, les chercheuses et chercheurs plaident pour que les taux d’anticorps soient mesurés chez les patients sous DMARDs afin de permettre une vaccination de rappel plus précoce.
Tobudic, Selma, et al. «Accelerated waning of immunity and reduced effect of booster in patients treated with bDMARD and tsDMARD after SARS-CoV-2 mRNA vaccination.» Frontiers in Medicine 10 (2023): 68.
Vaccination de rappel recommandée
Depuis octobre, il existe une nouvelle recommandation de vaccination de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et de la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) pour le vaccin contre le Covid-19. La vaccination est recommandée en automne et en hiver pour les personnes particulièrement vulnérables. Les personnes atteintes de spondyloarthrite axiale – spondylarthrite ankylosante suivant un traitement immunosuppresseur peuvent également en faire partie. Les femmes enceintes peuvent être vaccinées après un examen individuel. Aucune vaccination n’est recommandée à toutes les autres personnes. La période recommandée pour la vaccination est de mi-octobre à mi-décembre. Les coûts de la vaccination sont pris en charge par la caisse maladie.
Cet article a été publié pour la première fois dans la revue «vertical» No 98.